La gratuité des soins, oui mais…

Marisol Touraine, ministre de la santé, vient d’annoncer la gratuité des soins et la simplification des procédures de prise en charge pour les victimes de terrorisme.

En quoi cela va-t-il consister ? Aider les victimes financièrement pour les soins qui ont été ou sont apportés en ce moment, simplifier l’accès aux indemnités journalières ? C’est bien, et c’est tout ?

La part médicale est primordiale et nécessaire. Mais déjà bon nombre de victimes sont rentrées chez elles. Elles ont besoin de parler de leur vécu. Certaines témoignent via des reportages ou sur les réseaux sociaux. Elles ont besoin de sortir d’elles ce vécu terrible, de mettre des mots et du sens sur l’insensé.
Il y a une prise en soin à ne pas oublier et mettre de côté : la souffrance psychologique. Il est vrai que les psys, c’est comme la cavalerie dans Lucky Luke, ils arrivent toujours après. Le corps d’abord, c’est logique !

Le risque de ne pas prendre en charge cette souffrance est l’installation d’un stress post-traumatique. Il peut s’avérer tout aussi handicapant qu’une atteinte corporelle. En effet, le psychisme peut alors s’ancrer dans une névrose traumatique.

Le stress qui se définit par une rection biophysiologique d’alarme face à un danger, devient un potentiel trauma lors du vécu de l’expérience de mort. La victime s’est vue mourir ou a vu une personne mourir. Il s’ensuit un vécu de vide : on ne peut se représenter psychiquement la mort.

Des troubles qui vont apparaitre et perdurer dans le temps (> 1 mois) comme des troubles du sommeil, des situations d’évitement, des hallucinations (odeurs, sensation sur la peau… tous les sens peuvent être touchés), une hyperémotivité, une hypermentalisation, hypervigilence: impression que l’évènement va recommencer, flashbacks: les souvenirs qui s’imposent à soi comme une diapositive alors que ce que l’on fait n’a aucun lien avec l’évènement, anxiété, difficulté respiratoire, vomissement, sueur, tachycardie, maux de ventre, sentiment de vide, dépression, …

La douleur et par conséquent la souffrance ne se limitent pas au corps ou à l’esprit, elles ont 6 composantes : sensorielle, affective et émotionnelle, cognitive et intellectuelle, culturelle et ethnique, socio-économique et religieuse.
Il est donc essentiel, de ne pas nous limiter qu’au sensoriel et prendre soin des autres composantes.

Lors de ce genre d’expérience catastrophique, il est fondamental d’aider physiquement les victimes, les secours et forces de l’ordre mais n’oublions pas de prendre en soin aussi la part psychologique des personnes présentes sur les lieux ainsi que les proches des disparus.
La gratuité des soins est une belle chose. Espérons qu’elle corresponde à une prise en charge globale, ne se limitant pas à la mise en place de cellule d’urgence médico-psychologique. Puisse-t-elle accompagner toutes les victimes de ces attentats le temps nécessaire jusqu’à la possibilité d’un retour dans la vie sociale avec le plus d’autonomie possible.

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